

La Révolution brabançonne

La révolution : lutte armée et cléricale
Une Armée Patriotique est mise sur pied dans les Provinces-unies. Elle est commandée par le général Van der Mersch, un ancien colonel de l’armée impériale qui reprend du service contre cette dernière. Avec sa troupe mal préparée et mal armée, il est vainqueur de la bataille de Turnhout le 27 octobre 1789 et récupérera les premiers canons pour les Patriotes à la fuite des Autrichiens dirigés par Schroeder.

Jean-André Van der Mersch (1734-1792) est un ancien colonel de l'armée autrichienne. Il fut contacté par les Patriotes pour qu'il prenne le commandement de leur armée. Encensé après ses victoires militaires, il fût par la suite écarté du pouvoir à cause de ses positions trop progressistes pour le nouveau régime.
Estampe de la bataille de Turnhout, le 27 octobre 1789. Van der Mersch savait que l'armée autrichienne était imbattable en rase campagne. Il fit donc fortifier la ville flamande et prépara ses troupes au combat urbain. Les Patriotes repoussèrent les Autrichiens et capturèrent trois canons aux Impériaux.

L’Armée de la Lune, autre appellation de l’Armée Patriotique, avance inexorablement dans les Pays-Bas : Bruxelles tombe le 12 décembre, Namur le 17, Marche-en-Famenne le 21. Joseph II étant en guerre contre les Turcs, aucun renfort ne peut être déployé dans les Pays-Bas. En outre, l’indiscipline et la désertion règne dans la soldatesque autrichienne. Les Impériaux ne possèdent plus que le Luxembourg, où le général d’Alton rassemble ses troupes, et Anvers qui sera finalement prise le 29 mars 1790.


Un Canari dans son uniforme. Lorsqu'il fût constitué, le premier régiment de Namur refusa des volontaires physiquement inaptes à la guerre. Ils se firent finalement enrôler dans un bataillon spécifique. Leur uniforme était taillé dans un drap jaunâtre de piètre qualité par soucis d'économie vis-à-vis de ces soldats chétifs. Rapidement, ils reçurent le sobriquet de "Canaris" à cause de la couleur de leur tenue. Contre toute attente, le bataillon obtint ses lettres de noblesse en se distinguant au combat et devint une unité d'élite de l'armée des Patriotes.



Les Patriotes ont à leur tête deux chefs ; Henri Van der Noot et Jean-François Vonk. Ces avocats brabançons n’ont pas le même objectif, bien que leur leitmotiv soit commun : chasser les Autrichiens des Pays-Bas. En effet, Van der Noot et son adjoint, le chanoine Van Eupen, sont pour la restauration des privilèges, et farouchement opposés aux réformes. Ils font partie du mouvement « Statiste », celui qui prend le pouvoir à la fuite des Autrichiens. À l’opposé se trouvent Vonk et Van der Mersch, plus modérés, qui sont d’accord à l'égard de quelques réformes de Joseph II mais remettent en cause le caractère despotique du souverain.
Illustration des tenues de l'armée des Patriotes. En réalité, les Patriotes étaient initialement mal préparés au combat. iIs manquaient d'armes et parfois même, de sabres. Ils ne possédaient pour la plupart aucun uniformes. Certains officiers possédaient tout au plus un chapeau à cocarde rouge, blanc et bleu (couleurs révolutionnaires universelles en 1789). Les volontaires du Nord des Pays-Bas étaient cependant mieux formés que ceux du Sud de la région.
Hussard de Tongerloo sur son cheval
Henri Van Der Noot (1731-1827) est lui aussi un des chefs de la Révolution brabançonne. Opposé à Joseph II, il est en faveur du rétablissement pur et simple des privilèges des provinces. Lorsque les Autrichiens sont chassés des Pays-Bas méridionaux, cet avocat devient le président du Congrès national, chargé du pouvoir exécutif des États Belgiques Unis. Soutenu par le clergé, il pourchassa ses anciens alliés vonkistes et progressistes pour ne laisser que les conservateurs au pouvoir du nouvel état.
Ancien avocat au Conseil du Brabant, Jean-François Vonk (1743-1792) est une des grandes figures de la Révolution. Progressiste, il se rebelle contre le despotisme de Joseph II bien qu'il approuve certaines réformes. Il contactera Van der Mersch pour prendre le commandement de l'armée des Patriotes. Il sera chassé par Van der Noot quand les "vonkistes" s'opposeront à l'autoritarisme du nouveau régime mis en place.
Le rôle du clergé n’est pas négligeable dans la révolution. Il œuvra aussi bien pour les vonkistes et les statistes. Joseph II voulant supprimer les institutions religieuses et placer le pouvoir temporel au-dessus du spirituel, il est légitime pour les ecclésiastiques de prendre parti pour ses opposants. Néanmoins, le clergé devient vite inquiet face aux patriotes démocrates, craignant qu’ils ne calquent leur agir sur les révolutionnaires français, dont l’Assemblée Nationale désire réformer encore plus en profondeur l’Église.